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Clinique vétérinaire les Poumadères
Clinique vétérinaire "les Poumadères" - Centre de Reproduction des Carnivores du Sud-Ouest (CRECS)

Insuffisance lutéale

 

Définition
Insuffisance en sécrétion de progestérone pendant la gestation pouvant entrainer avortement précoce (résorption) ou tardif (avortement).
Très souvent sur-diagnostiqué - Très rare dans la réalité
Origine
Les ovaires (corps jaunes) sont responsables de la sécrétion de progestérone chez la chienne pendant toute la durée de la gestation. Un dysfonctionnement ovarien semble être en cause
D'autres facteurs peuvent intervenir (hypophyse) ou participer à la dysendocrinie (insuffisance en hormone thyroïdienne, taux de relaxine et prolactinémie anormaux).
Epidémiologie
Certaines races sont prédisposées : berger allemand, rottweiller.
Surtout certaines lignées dans une race semblent surreprésentées (héritabilité ?).
Une étude récente a montré que les chiennes, de race berger allemand, non gestantes (stériles) présentant un intervalle inter-oestrus court (< 5 mois) présentent des taux plus faibles en progestérone plasmatique pendant toute la durée du métoestrus que les chiennes gestantes à intervalle plus long (> 6 mois).
Signes cliniques et biologiques
  • Le + souvent aucun signe visible mais avortement : identifiable par dosage de progestérone et echographie ovarienne. Attention, il faut un laboratoire fiable.
  • Modification du comportement avec une attitude de préparation à la mise bas : montée de lait précoce, grattage au sol, ... En général quand après 45 jours (exceptionnel).
  • Ouverture du col avec pertes de liquide à la vulve. L'avortement n'a pas encore forcément eu lieu
  • Avortement précoce (visible uniquement par échographie) ou tardif.
La chienne gestante ou en métoestrus sécrète un taux élevé de progestérone pendant 2 mois.
Le pic de progestérone se produit entre 2 et 3 semaines de métoestrus.
Après 25 jours, la progestéronémie diminue progressivement jusqu'à un niveau quasi-basal en début d'anoestrus ou à sa chute brutale avant la mise bas (61 à 64 jours post -ovulation).
Rq : il est normal que la progestéronémie diminue graduellement après le premier mois de gestation.

Il n'existe pas de courbe de progestérone identique à toutes les chiennes dans la phase de métoestrus.
Les taux peuvent varier significativement d'une chienne à l'autre, pour une même période dans le métoestrus de manière physiologique. Ex : 35 jours de gestation chienne 1 à 85 ng/ml ; chienne 2 à 35 ng/ml ; chienne 3 à 18 ng/ml
La progestéronémie peut varier jusqu'à 20% au cours de la journée de manière physiologique.
La seule donnée certaine : une progestéronémie inférieure à 2 ng/ml pendant plus de 48 heures engendre systématiquement un avortement de la chienne.

Suspecter une insuffisance lutéale quand :
  • la progestérone est inférieure à la normale (dépend du laboratoire) dans le premier mois de gestation.
  • La progestérone chute de plus de 20-25 % à trois jours d'intervalle dans le premier mois de gestation (progestérone en augmentation)
  • La progestérone est inférieure à 10 ng/ml (laboratoire CRECS) les 45 premiers jours de gestation
  • la chienne avorte dans les 50 premiers jours de gestation
  • la chienne montre un comportement de mise bas plus de 5 jours avant la mise bas attendue
Démarche diagnostique
Réaliser une progestéronémie pendant la gestation dès :
  • 7 jours en cas d'IL suspectée sur une gestation antérieure
  • 3 semaines en cas de doute (lignée prédisposée, propriétaire inquiet, ...), au moment du diagnostic de gestation
selon la valeur, un contrôle peut être nécessaire ou une supplémentation.
Attention :
- les IL sont rares et touchent principalement les grandes races.
- Il est fréquent et souvent normal de trouver des valeurs < 20 ng/ml après 45 jours de gestation. Dans de rare cas, ceci peut-être anormal, l'expérience du vétérinaire permettra de trancher.
- Une supplémentation inutile n'est pas sans risque. 
Traitements et Suivi
La supplémentation peut être réalisée à l'aide de progestérone de synthèse ou de progestérone naturelle.
Nous préférons la progestérone naturelle : il est possible de la doser et donc d'évaluer l'efficacité du traitement ; la demi-vie est courte et facilité une mise bas normale.
Complications du traitement
En cas de supplémentation excessive : injustifiée, trop dosée, les risques sont :
  • Acromégalie
  • Diabète gestationnel
  • Cryptorchidie
  • Gigantisme du fœtus
  • Mise bas difficile : les atonies semblent plus fréquentes.
  • Absence de mise bas : en cas d'oubli d'arrêt du traitement
  • Défaut de production lactée : surtout avec la progestérone de synthèse ally-trembolone