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Clinique vétérinaire les Poumadères
Clinique vétérinaire "les Poumadères" - Centre de Reproduction des Carnivores du Sud-Ouest (CRECS)

Incontinence urinaire après castration : femelle et mâle

 

 

L’incontinence se définie comme la perte d’urine involontaire (absence de mise en position au moment des pertes d’urines). A distinguer d’une malpropreté : la chienne urine dans la maison mais se met en position.

L'incontinence urinaire de castration est mieux définie comme une "incompétence sphinctérienne (IS) " post-castration.

La chienne est surtout prédisposée mais l'IS touche aussi le mâle castré.

 

Attention : les symptômes chez la femelle et le mâle sont différents.

 

1. Quelques connaissances physio-pathologiques :

La continence met en jeu la fermeture du robinet à la sortie de la vessie (sphincter urétral, surtout interne) et le relâchement de la vessie (myorelaxation, remplissage à basse pression).

Un défaut de fermeture du robinet ou un manque d’élasticité de la vessie facilite la perte d’urine en dehors des mictions volontaires (la chienne se met en position pour uriner).

Femelle

Le mécanisme pathologique est encore mal compris, cependant le risque de développer une IS est multiplié

par 8 chez une chienne ovariectomisée : il y a donc un rôle direct entre l'IS et l'ovariectomie.

Rôle des oestrogènes :

Les oestrogènes amplifient la pression urétrale en augmentant le nombre et la sensibilité des récepteurs a-adrénergiques des cellules musculaires lisses du sphincter urétral (voir schéma).

Néanmoins, l'absence d'œstrogène n'explique pas à elle seule l'IS :

-         2/3 des chiennes seulement répondent à une supplémentation en œstrogène ;

-         la transplantation de tissu ovarien ne résout la solution que dans 20% des cas ;

-         la concentration en œstrogènes chez la chienne stérilisée incontinents est proche de chez la chienne en anoestrus.

Autres :

-         Hormones hypophysaires :

la LH et la FSH sont nettement augmentées chez la chienne stérilisée. Cependant de récentes études semblent invalidées leur implication dans l'IS.

-         Modifications morphologiques :

L'urètre est plus court chez la chienne stérilisée : la vessie prend alors une position d'avantage pelvienne. Les pressions abdominales deviennent alors moins importantes sur l'urètre et renforcées sur la vessie au moment du couchage. Ceci explique une incontinence qui apparaît principalement lors du couchage.

 

Male

La pathogénie est encore moins bien comprise que chez la femelle.

Une différence de position du col vésical (intrapelvien vs intraabdominal) entre les chiens continents et incontinents est noté par deux études (Lévy, Maurey et Combrisson 2008 ; ...)

 

 2. Epidémiologie

Femelle

Fréquence d’apparition :

L'IS touche de 8 à 20% des chiennes.

3/4 des chiennes sont incontinentes dans les trois ans, mais le délai peut varier de trois mois à 10 ans.

Race :

Les races fortement prédisposées sont : Boxer (jusqu'à 65% des femelles stérilisées), doberman, schnauzer géant, rottweiller, setter irlandais et bobtail.

Le labrador et le berger allemand semble rarement affecté.

Poids :

Surtout les races de grand format.

Le risque est évalué à 9% pour les chiennes de moins de 20 kg, proche de 30% pour les chiennes de plus de 20 kg.

Male

Il ne semble pas y avoir de prédisposition raciale ou de poids.

L'âge d'apparition moyen est de 6 ans.

Le délai d'apparition est extrêmement variable, en moyenne de 22 semaines (Lévy, Maurey et Combrisson 2008 ; ...).

 

3. Facteurs de risque

-         La caudectomie est souvent citée sans que le lien ne soit jamais été démontré. L'interdiction de la caudectomie permettra d'évaluer son implication dans l'avenir.

-         L'ovariohystérectomie ne semble pas être un facteur de risque sur l'IS.

-         L'âge de la stérilisation :

  • Le risque ne semble pas modifié que la chienne soit stérilisée avant ou après ses premières chaleurs.
  • La castration précoce (avant 4 mois) semble augmenter la gravité de l'incontinence et la difficulté à traiter.

Il convient donc d'être prudent sur la recommandation de la castration précoce chez les chiennes à risque.

-         Poids

Le degré d'incontinence peut-être aggravé par un excès de poids.

 

4. Diagnostic :

Femelle :

-         Perte d'urine intermittente lorsque l'animal se couche.

-         Présence de mictions normales avec mise en position à Il s'agie d'un défaut de stockage.

-         Une inflammation de la peau de la zone périvulvaire est souvent notée : léchage intensif de la zone, papules et rougeur, pertes vulvaires associée.

-         Coloration des poils en périvulvaire.

 

Attention : L'incontinence peut aussi être intermittente sans explication

 

Male :

Les males présentent plus souvent une perte continue par goutte augmentée par le couchage ou l'excitation.

Le vétérinaire doit exclure d’autres maladies à l’origine de ces signes d’incontinence

Attention au diagnostic différentiel des incontinences par défaut de stockage :

 

 

5. Traitements :

 Différents traitements médicaux existent permettant une disparition des symptômes dans plus de 90% des cas chez la chienne et malheureusement uniquement 50% des chiens.

Les traitements sont faciles à administrer et peuvent le plus souvent être diminués avec le temps. L’objectif est de trouver le traitement minimum permettant de prévenir l’incontinence.

 

En cas d’échec médical, différentes techniques chirurgicale existent.

Leur réalisation nécessite une grande expérience du vétérinaire. Les résultats sont moyens : 55% de guérison, 35% d'amélioration.

 

Conclusion 

L’incontinence post-castration est indépendante de la chirurgie et est liée à des modifications hormonales.

La guérison est le plus souvent la règle chez la femelle par un traitement médical facile à donner et aux effets secondaires très limites. Une intervention chirurgicale est exceptionnellement nécessaire.

Chez le mâle, l’incontinence de castration est très rare mais sa guérison est souvent plus difficile 

 

 

Glossaire :

LH : hormone lutéinisante produite par l’hypophyse dans le cerveau

FSH : hormone stimulant la folliculogénèse produite par l’hypophyse dans le cerveau

Urètre : tuyau qui permet l’élimination des urines de la vessie.